CVdB, 06/02/21
Initiative originale à Charleville-Mézières : les musées municipaux -musée de l’Ardenne et musée Rimbaud- sont de sortie en ce début d’année. Fermés en raison de la pandémie, les musées ne résistent pas à l’envie de partager leurs pièces d’exception avec le public. Ils ont donc décidé d’aller à sa rencontre, là où il peut encore se rendre, dans les supermarchés.
Les 29 et 30 janvier derniers, ils ont envahi durant deux jours la galerie commerciale de l’Intermarché du quartier de la Ronde Couture, au sud de la ville. La clientèle de cet Intermarché a donc eu le loisir de découvrir quelques-unes des pièces les plus emblématiques des deux musées carolomacériens. Parmi celles-ci, un pistolet de la manufacture d’armes locale, un briquet gallo-romain mis au jour dans les environs, un morceau du mur de Berlin avec un tag du portrait d’Arthur Rimbaud…
Bilan de cette première expérience : le maire, Boris Ravignon, se dit très satisfait : “Près de 180 personnes ont découvert ces pièces au cours des deux après-midis. C’est l’occasion de toucher d’autres publics que ceux habitués à fréquenter le musée. Nous avions mis en place une médiation renforcée, plusieurs agents des musées municipaux étaient présents pour expliquer les pièces, leur originalité, leur importance dans les collections des musées. Et les échanges ont bien eu lieu, comme avec le petit Clarence, 7 ans, très intéressé par ces découvertes et avide de réponses à ses questions. Aller au-devant des citoyens, c’est ce que nous faisons depuis le début de la crise sanitaire, en de nombreux domaines, dans la culture aussi.”
Mais pour le maire, cette sortie est aussi un message très clair pour le Gouvernement français : “Les raisons de maintenir les musées fermés nous échappent complètement : on y garde le masque on ne touche pas les oeuvres, on n’est pas assis côte à côte pendant plusieurs heures… Il serait temps de repenser un protocole qui permette aux musées de rouvrir. La culture n’est peut-être pas essentielle à court terme comme acheter de la nourriture, mais à moyen et long terme, le manque de culture peut faire des ravages.” Inviter des pièces de musée dans la galerie marchande d’un supermarché met donc en lumière cette délicate notion d’essentiel/non essentiel.
A Charleville-Mézières, la volonté d’amener l’art sur la place publique n’est pas neuve. En témoigne le parcours de fresque en hommage à l’oeuvre d’Arthur Rimbaud, qui ne cesse de s’enrichir de nouvelles réalisations. Les concerts de Noël et Nouvel An diffusés sur facebook ont été suivis par un très grand nombre de Carolomacériens. Très courus d’habitude, ils doivent refuser du monde. Cette fois, pas de limite…. De nouvelles pratiques qui ont aussi leurs avantages. Pour le maire, c’est clair, “il y aura de belles idées à garder”. Et la réflexion est en cours pour amener la culture sur d’autres supports, à la rencontre de tous les publics…
Cette première sortie des musées ne sera certainement pas la dernière : d’autres expériences se préparent, en attendant de pouvoir à nouveau accueillir le public dans les lieux de culture.