L’arrondissement de Dinant et la pointe des Ardennes françaises font cause commune dans une ZOAST
qui a engendré un afflux de patients français vers la région dinantaise.
ZOAST. Pour Zones organisées d’accès aux soins transfrontaliers. La création d’une Zoast a pour but de mettre en place une simplification administrative et financière en matière d’accès aux soins à l’étranger. Dit autrement, cela permet à un patient d’aller se faire soigner plus facilement de l’autre côté de la frontière. Et cela fonctionne bien sûr dans les deux sens…La ZOAST « mosane» qui nous occupe a été officialisée en février 2008, il y a dix ans donc. Côté français, elle concerne les personnes résidant dans les cantons de Givet et de Fumay. Côté belge, elle s’adresse aux personnes de l’arrondissement de Dinant.
En pratique, cette ZOAST a instauré une sorte de sens unique : ce sont les patients français qui traversent la frontière pour venir se faire soigner à Dinant ou à Mont-Godinne. La principale raison, c’est que la pointe des Ardennes françaises, en forme d’enclave en territoire
belge, est devenue un véritable désert au niveau des soins de santé (…..)
La guerre des factures
C’EST le combat du moment pour l’ASMUP 08, l’association qui représente les patients frontaliers français : il s’agit de s’opposer à la récente décision des cliniques dinantaises d’envoyer directement à leurs patients français hospitalisés la factures du ticket-modérateur, lisez la quote-part qui n’est pas remboursée automatiquement par la Sécurité sociale.
Jusqu’au premier janvier de cette année, ces factures étaient envoyées aux différentes mutuelles complémentaires qui prennent le plus souvent en à leur compte la totalité de ce « reste à charge ». Mais voilà, ces mutuelles, qui ne sont pas contractuellement liées par les accords de la ZOAST rechignent parfois à honorer ces factures « belges ». En terme d’impayés,cela représente un total de plusieurs
centaines de milliers d’euros pour les cliniques dinantaises, qui ont donc décidé de changer la procédure (…..)
La clinique dinantaise Saint-Vincent
accueille une importante patientièle
française, ce qui participe
à la « bonne santé » de l’institution
mais pose aussi des problèmes
au niveau de la gestion administrative
et financière
Une réalité commune, se soigner de part et d’autre de la frontière
La Province de Namur et le département des Ardennes ont une longue histoire commune en matière de soins de santé. Depuis 1992, des programmes Interreg réunissent les acteurs publics et privés autour des problématiques communes.
La première action commune, de part et d’autre de la frontière, a été une campagne de dépistage du cancer du sein qui, d’après le Dr Véronique Tellier, laisse encore des traces aujourd’hui :
« On constate, chez les médecins et dans la population, un réflexe de dépistage plus fort qu’ailleurs. C’est très encourageant, souligne-t-elle, car cela montre que des campagnes de prévention peuvent porter leurs fruits sur la durée ».
En 1994, dans le cadre d’Interreg IV – 2007-2013, un tableau de bord de la santé transfrontalière a été réalisé et une action de promotion de la santé a été mise sur pied sur cette base pour les jeunes et le seniors. Ici aussi, la pérennisation des actions a fonctionné.
« Ce qui est très intéressant à noter, souligne Dominique Hicguet, inspecteur général à l’Administration de la Santé publique, de l’Action sociale et culturelle à la Province de Namur, c’est que les actions prises dans le cadre de ces programmes Interreg ont généré des groupes de travail qui restent actifs aujourd’hui, indépendamment des acteurs publics qui ont lancé le processus. Comme, par exemple, dans la botte de Givet, le groupe ‘ Génération TIC ’, où professionnels de la santé et parents réfléchissent à l’usage de nouvelles technologies de l’information et de la communication. »
Adapter l’offre aux besoins
Dans le cadre du projet Interreg V – 2016-2020, des actions sont menées pour la mise en commun de données socio-sanitaires entre la France et la Wallonie : GeDiDoT (Gestion et Diffusion de Données Transfrontalières).
Il s’articule autour de trois axes de travail :
– Le croisement de bases de données
– La mise en place d’un info-centre de santé
– Un important travail de constitution de profils locaux transfrontaliers de santé
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