Nous avons à peine quitté Hierges et déjà voici l’écluse qui nous ouvre le passage vers un tunnel. Comme à Revin, celui-ci permet aux bateaux d’éviter une boucle de 8 kilomètres que dessine la Meuse autour de Chooz et de sa centrale nucléaire. C’est le fameux tunnel de Ham. Pour de mystérieuses raisons, ce boyau obscur, long de 565 mètres, inspire à mon chien Bayard une évidente antipathie. Il se tient debout, docile mais le poil plus hirsute que jamais, sur ses gardes, comme si quelque puissance maléfique tapie dans les ténèbres allait fondre sur lui et l’arracher à moi. Normal, il a entendu toutes ces histoires qu’on m’a racontées à propos de son ancienne maîtresse, une magicienne qui prétend descendre de la fée Mélusine et dont le fantôme rôde un peu partout dans la région. J’ai beau ne pas croire à ces fables, plusieurs de nos aventures m’ont déjà prouvé que Bayard est doté de facultés divinatoires. Les tient-il de cette créature, après tout que sais-je de son passé ? Ou suis-je gagné par l’atmosphère âpre et sauvage du lieu, surtout en cette matinée de fin septembre où des écharpes de brume enveloppent le fleuve d’une atmosphère irréelle, propice aux divagations de l’esprit ? Il n’empêche, la méfiance de Bayard est contagieuse et c’est avec une légère appréhension que je m’engage dans (…)
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