Avant de quitter Monthermé, je pédale jusqu’à cette curiosité enfouie dans la forêt dont Gérard, le mythologue ardennais, m’a parlé l’avant-veille, le Roc la Tour. Du château construit par le diable, il ne reste que d’énormes morceaux de quartzite qu’on dirait empilés par un jeune géant malhabile. Puis je m’en vais gravir la Roche aux sept villages, où la vue sur la vallée coupe le souffle. Bayard, lui, s’amuse à sauter dans les trous de tir creusés par la défense française pendant la seconde guerre mondiale. A toutes les époques, la guerre a piétiné cette région de ses sales pattes. De retour en ville, je lis sur une plaquette apposée à la grille de l’Ecole des garçons qu’en 1914, le sous-sol de ce beau bâtiment servait de prison pour la Kommandantur. Lugubre image, qu’un soleil déjà très en forme balaie aussitôt. Je propose à Bayard de mettre sans tarder le cap sur Revin. C’est la destination que mon instinct, hier soir, m’a soufflée à l’oreille.
La voix de Gaelle m’a rappelé les doux moments passés avec Manon, et je me suis demandé pourquoi elle m’avait parlé avec cette rancœur de sa famille perdue, ça sentait le drame à plein nez. L’envie m’est venue d’en savoir plus long et d’aller faire dans cette ville ma petite enquête. Un projet chimérique sans doute mais l’impossible ne m’effraie pas, ma candeur m’aide à l’affronter.
Voilà pourquoi nous avons pris cette direction. La Voie verte est à présent sur ma droite, à Monthermé les cyclistes doivent traverser le pont pour changer de rive. Je dépasse des villages qu’à nouveau je me promets de revenir visiter, comme Laifour avec sa source ferrugineuse et le parfum exotique de son faubourg, Madagascar. Sur ma gauche, se dressent les Dames de Meuse, transformées en roches pour avoir trompé leurs maris partis en croisade (……)
Mireille Maquoi http://mireille-maquoi.be/
Suivez Jules dans ses pérégrinations au fil de la Meuse : chaque mois, un nouvel épisode de ce récit…
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